La nouvelle vient de tomber, le gouvernement français s’est doté d’une nouvelle ministre du Logement et de la Rénovation. C’est l’ex-présidente du Sénat, Valérie Létard, qui a été choisie pour occuper ce poste clé. Cette nomination était très attendue, sachant que le secteur immobilier est actuellement en pleine crise. Avec les différents défis qui l’attendent, pourra-t-elle faire face à l’urgence qui prévaut ? Aperçu des nombreuses priorités dont elle devra s’occuper pour sa prise de fonction dans l’article.

La première priorité est de relancer la construction

Le contexte actuel est tel que le secteur du logement subit un faible niveau de construction. Il s’agit d’un des problèmes majeurs du domaine, sachant qu’entre 2022 et 2023, une baisse de 22% des mises en chantier a été observée. Il en est de même pour la délivrance de permis de construire qui a chuté de 24%.

Certes, ces chiffres émanant du ministère de la Transition écologique sont encore provisoires, mais illustrent déjà bien la souffrance à laquelle est soumise le secteur. En effet, toutes ces baisses provoquent une accumulation des besoins en logement. Cela est d’autant plus vrai pour les zones tendues subissant une demande toujours très élevée.

La priorité absolue est donc de trouver des mesures immédiates afin d’inverser cette tendance baissière. Cela sous-entend notamment une relance globale de la construction, car devant concerner à la fois le neuf et le logement social. À titre informatif, la demande est telle que près de 2,7 millions de dossiers sont actuellement en attente d’un logement HLM. C’est malheureusement un record tristement historique.

Une autre mesure consiste à aider les primo-accédants en valorisant les prêts à taux zéro (PTZ) en vue de faciliter leur solvabilité. À noter que les investisseurs méritent également une aide, en prolongeant et en améliorant par exemple la loi Pinel. Une telle initiative aura pour effet de relancer la production de logements locatifs, surtout à l’égard des foyers modestes.

La gestion de la rénovation énergétique figure parmi les priorités à considérer

Le second défi qui attend la nouvelle ministre du Logement concerne la rénovation énergétique des bâtiments. Le sujet est incontournable, mais revêt d’une grande complexité. Il faut dire que les lois qui ont été instaurées à cet effet établissent des objectifs particulièrement ambitieux. Cependant, le calendrier du moment demeure encore irréaliste.

Par ailleurs, en 4 mois à peine, il faut s’attendre à voir la suppression des logements classés G du marché. Le fait est que la grande majorité d’entre eux n’ont pas bénéficié d’une rénovation. La raison est qu’il en existe plusieurs à la restauration, ce qui pousse les experts à défendre le maintien de ces logements, au vu du manque flagrant d’offres.

Le moins que l’on puisse dire est que la ministre Valérie Létard sera obligée de revoir certains mécanismes en vigueur. Il en est de même concernant l’ajustement des échéances. Toutes ces initiatives sont à prendre en compte très rapidement afin de réaliser une transition cohérente et plus progressive. 

L’encadrement de la location touristique est un enjeu majeur à réévaluer

Plusieurs communes françaises ont urgemment besoin d’un meilleur encadrement de la location touristique dans leurs localités. De tels biens ont un rôle déterminant au niveau de l’économie touristique de ces zones. Pour d’autres villes, la location touristique engendre la réduction de l’offre destinée aux habitants de l’année. Voilà tout l’intérêt de gérer au mieux l’accès au logement, principalement pour les travailleurs essentiels et les familles locales.

Dans cette alternative, l’idée serait de fournir aux municipalités plus de moyens afin qu’elles puissent réguler leur parc immobilier selon les spécificités du marché local. En effet, dans les communes où le tourisme est important, les résidences secondaires ne manquent pas. Pourtant, là où le tourisme n’est pas développé, le marché locatif rencontre des difficultés.

Dans ce cadre, il serait certainement judicieux de reprendre la proposition de loi transpartisane, toujours pour bénéficier d’un encadrement optimal de la location locative. Une autre solution consiste à repenser l’usage des résidences secondaires. Cette notion se réfère notamment à la réforme de la gestion des commerces.

Cette fois-ci, le but est de pouvoir ajuster le nombre de résidences secondaires suivant les capacités de chaque commune. Il faut encore éviter de recourir à de nouvelles taxes pour finalement créer un équilibre entre la demande des résidents permanents et l’attractivité touristique.

La définition d’une politique d’aménagement du territoire est de mise

Afin de pallier l’explosion des prix de l’immobilier dans les grandes villes, il serait pertinent de développer l’attractivité des villes de taille moyenne. Il faut retenir que ces dernières sont généralement bien connectées et le cadre de vie y est plus abordable. De surcroît, elles répondent aux besoins des ménages et des actifs.

Il faut aussi prendre en compte le fait que ces villes peuvent œuvrer en faveur du rééquilibrage territorial, en réduisant l’engorgement au sein des grandes agglomérations. Toutefois, il est nécessaire de mettre en place une politique efficace et rationnelle pour réaliser ce projet.

Parmi les défis à relever, la ministre récemment nommée devra développer les services publics, aménager les infrastructures et soutenir l’installation d’entreprises. Autant de leviers à exploiter pour permettre à ces territoires de devenir durablement attractifs. Pratiquement tous les fronts nécessitent à présent une réforme efficace.

La stabilité du ministère agit directement sur la durabilité des actions

En plus de prioriser les actions immédiates, la ministère du Logement est obligée de se concentrer sur les effets à long terme. Pour cela, Valérie Létard doit rester à son poste assez longtemps pour imposer sa dynamique. Pour rappel, ses trois prédécesseurs n’ont pas tenu plus d’un an, voire moins pour certains. Un facteur qui a laissé le secteur dans une grande incertitude avec un cap loin d’être clair.

Cela dit, le secteur du logement requiert une bonne visibilité, ainsi qu’une continuité pour pouvoir fonctionner convenablement. En plus de garder sa place, la ministre doit forcément adopter une démarche qui s’oriente sur le long terme. Ces conditions contribueront à regagner la confiance des acteurs du secteur.

Pour terminer, si Valérie Létard arrive à opérer sur la durée, elle parviendra sûrement à résoudre la crise. Bien entendu, elle doit se pencher principalement sur des réformes concrètes, tout en relançant la construction. En attendant, l’ensemble du secteur s’impatiente de connaître ses premières décisions.